Nombre total de pages vues

samedi 5 février 2011

Batiks Chine du Sud


Les batiks de la minorité Miao
(Chine du Sud)

Les populations MIAO, dénommées également MEO ou HMONG, constituent une importante minorité non chinoise en Chine du Sud (provinces de Hunan, Guizhou, Sichuan, Yunnan). On les rencontre également dans la partie nord de la Thaïlande, du laos et du Vietnam . Leur nombre est estimé à 4 millions de personnes.
Montagnards et riziculteurs sur brûlis, les MIAO cultivent également des pavots somnifères et sont réputés pour la qualité de leur artisanat, notamment le tissage, les batiks et les bijoux.
Les batiks du village de Fuyuan (Guizhou) sont produits selon la technique traditionnelle de la cire perdue sur une toile de coton tissée à la main. Les motifs représentent souvent des inscriptions rupestres en écritures chinoise ancienne que l’on trouve dans les falaises de la Région, également des danses traditionnelles ou encore des personnages féminins stylisés à vocation décorative.







Tapas du Pacifique


LES TAPAS DE NOUVELLE ZELANDE ET D'AUTRALIE

Le Tapa est un tissu d’écorce végétale très répandu dans toutes les îles du Pacifique.
On dépouille d’abord un jeune arbre de toute son écorce laquelle est trempée dans de l’eau de mer pendant 2 à 3 semaines. Après quoi, on ôte l’aubier, c'est-à-dire toute la partie ligneuse, tendre et blanchâtre qui se trouve entre le cœur du tronc et l’écorce. L’aubier est ensuite étendu sur le sol bien horizontal, découpé en minces bandes et martelé au moyen d’un maillet en bois dur. On obtient alors un feutre végétal, solide et souple d’une surface double par rapport à celle de l’aubier initial. Les bandes sont ensuite collées ensemble pour en faire un tissu large et résistant. Les principales espèces d’arbres utilisées sont les ficus, l’arbre à pain, le mûrier, le banian.
Les motifs sont peints à la main, au moyen d’un pinceau confectionné avec la queue séchée du fruit le pandanus (arbre dont les feuilles sont également utilisées comme fibres textiles) ou bien à l’aide d’un pochoir. Les colorants sont naturels. Les couleurs végétales sont fabriquées au moyen de la sève de certains arbres pour donner une couleur foncée, brune et noire ou encore de l’écorce de l’arbre à koka donnant une coloration marron. La couleur rouge est obtenue à partir de  la calcination à l’air libre des ocres On peut aussi utiliser directement l’écorce du banian qui donne naturellement une étoffe de couleur brun-rouge.
Loin de constituer un simple vêtement, le tapa marque le rang social et la richesse de la personne. Il peut aussi être l’expression d’un rituel sacré en enveloppant les sculptures représentant des divinités ou encore comme linceul lors des cérémonies funéraires. Marqueur d’identité sociale le tapa est aussi un marqueur culturel, véhiculant les répertoires décoratifs propre à chaque région et à chaque tribu. A cet effet, le tapa joue aussi un rôle mnémotechnique comme une ébauche d’écriture relatant un fait historique.
Ainsi la technique comme les motifs des tapas sont profondément ancrés dans la culture des peuples maori de Nouvelle-Zélande et des Aborigènes d'Australie. Mais leur qualité esthétique a largement séduit les collectionneurs européens pour un usage  décoratif et de nombreux musés en ont fait l’acquisition  en vue de les présenter au grand public.
La technique du tissu d’écorce est largement répandue dans le monde, notamment chez les indiens d’Amérique du Nord, chez les Aïnous de l’Hokkaïdo et en Afrique Centrale.



Maori Nouvelle Zélande



 Aborigène d'Australie

(pièces sélectionnées par Frédéric Azuelos lors de son voyage dans la région)

vendredi 4 février 2011

teinture indigo au Japon

日本の藍染
ai Zome
la teinture indigo au Japon

L’indigo est un pigment naturel qui se trouve partout dans le monde. Il est extrait des feuilles de différentes variétés de plantes par fermentation pour produire  l’indikan , soluble dans l’eau. Après avoir subit un processus chimique alcalin , le pigment est fixé par oxygénation. 
La matière de base est la feuille de Polygonum Tinctorium ( ai en japonais). Cette plante est originaire du Sud de la Chine. C’est la principale source de bleu en teinture végétale. Cette plante pousse dans la partie sud du Japon, notamment dans la région de Tokushima  au nord de l’île de Shikoku.
La méthode japonaise consiste à conserver les bactéries vivantes à toutes les étapes de la teinture (ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays pratiquant l’indigo naturel).
Au printemps les semences de Ai  sont semées dans les champs. Après environ deux mois, les semences germées sont replantées dans de grands champs. La récolte s’effectue à la fin de la saison des pluies.

L’extraction de l’indigo requiert 5 ingrédients de base:
- les feuilles fermentées (sukumo) conservées de 8 à 12 mois dans des grandes cuves. 
- le vin de riz (sake) et le son de froment (fusuma) constituent les éléments nutritifs pour la fermentation de la plante.
- la cendre de bois dur destinée à assurer l’alcalinité du sukumo (Aku).
- la chaux (lime) ajoutée à trois reprises dans le bain de fermentation afin d’en contrôler l’alcalinité (ph 11)
La matière indigo concentrée (Aidate) est conservée dans des bacs de fermentation chauffés autrefois au bois ou à la paille de riz, aujourd’hui de façon électrique. La température de la cuve doit se situer autour de 25 degrés.
La réalisation de motifs sur les pièces de tissus teints à l’indigo relève alors de plusieurs techniques : fil teint dans un bain d’indigo avant d’être tissé,  teinture à la réserve par ligature sur tissu, utilisation de presses en bois afin de protéger l’étoffe de la coloration, réalisation d’un patron au moyen du papier japonais “washi” enduit et rigide












le pavillon d'or (Kyoto)

(pièces séléctionnées auprès de plusieurs artistes japonais lors d'un voyage au Japon)

Le sashiko japonais

La technique japonaise du SASHIKO date d’environ 300 ans. C’était, à l’origine, un art utilitaire pour les vêtements des agriculteurs et des pêcheurs.


A cette époque, le coton était une denrée rare. Aussi pour conserver longtemps les vêtements, les tissus étaient renforcés en cousant plusieurs épaisseurs, ou  en pratiquant un matelassage ou encore en les ravaudant au moyens de rangées serrées de points droits .
Les tissus étaient le plus souvent teints à l’indigo, aussi utilisait-on du fil blanc pour faire ressortir les coutures du vêtement, devenues une véritable broderie avec des dessins de formes géométriques ou bien inspirés de la nature (feuilles, fleurs, animaux).
Cet art populaire irait chercher son inspiration dans le Shintô, la plus ancienne religion du Japon, selon laquelle tous les objets ont une âme. Chacun se devait donc de prolonger la vie des objets et c'est le cas notamment les vêtements.

A la fin du 19ème siècle, les élégantes japonaises ont utilisé la technique du Sashiko pour être à la mode et se constituer des habits à la fois chauds , douillets et décorés de motifs reflétant leur humeur et leurs sentiments.

C’est également de cette époque que datent les fameux manteaux de pompiers japonais faits de quatre épaisseurs de tissus tenus ensembles selon la technique du Sashiko dont les dessins entrelacés intégraient souvent le nom de la compagnie.

Le Sashiko est devenu à la mode parmi les créateurs contemporains, particulièrement en décoration murale, tant au Japon qu’aux Etats-Unis et maintenant en Europe.
(pièces et photos: Amuse Museum, Kyoto)

mardi 1 février 2011

appliqués Kuba du Kasaï



 VELOURS ET APPLIQUES KUBA EN RAPHIA
DU KASAÏ 
 (République Démocratique du Congo)

En Afrique, les tissus en raphia avec des parties en velours sont de tradition ancienne et étaient utilisés comme monnaie d’échange. La majorité provient du royaume kuba situé le long du fleuve Kasaï dans le bassin du Congo.Les Kuba sont réputés pour leurs talents artistiques, notamment  les sculptures, les effigies royales en ivoire aux coiffures caractéristiques, les masques et  leurs arts décoratifs sur tissus. Cette créativité artistique exceptionnelle a toujours été encouragée par les souverains esthètes qui se sont succédés jusqu’à la mort du dernier roi Mbopey en 1969.Les tissus de raphia des peuples Kuba sont issus d’une tradition textile remontant au 12ème siècle en Afrique Centrale. L’art du textile jouissait d’une telle réputation que les habitants de Mushenge, la capitale du royaume Kuba (cité interdite aux étrangers) reçurent de leurs voisins le nom de Bambala, c’est à dire « peuple du tissu ». Le matériau de base pour les tissus Kuba est fourni par le palmier-raphia qu'on trouve partout dans le pays.La membrane principale prélevée sur les jeunes feuilles est transformée en fibres par découpage et effilage; les fils sont ensuite en partie torsadés et battus. La  teinture est extraite de racines d'arbres.
La préparation des fis de raphia et le tissage sont l'affaire exclusive des hommes, qui travaillent assis devant des métiers inclinés rudimentaires à une seule lisse tels qu’on les trouve dans toute l’Afrique Centrale. Plus la fibre est fine, plus le tissage est serré et solide. Les tissages sont effectués  sur des grandes longueurs (2 à 4 mètres) destinées à entourer la taille pour constituer un pagne. Par contre la broderie est l’affaire des femmes.
La technique de l’appliqué consiste à fixer entre elles des pièces avec des points de broderie dans des rangées simples ou doubles. Généralement les motifs sont géométriques, souvent des losanges brodés. Par contre les bordures sont simplement teints à la réserve.
Les textiles kuba ont fortement influencé des mouvements artistiques comme le fauvisme et le bauhaus  dans leur recherche pour réconcilier l’art et l’artisanat. Parmi les nombreux artistes modernes qui ont porté un intérêt particulier aux graphismes des textiles kuba, il faut citer Henri Matisse, Paul Klee et Gustav Klimt .



                                                               




Paul Klee, 1933






lundi 31 janvier 2011

tissages mauritaniens

                           
  Les Melhfas de Mauritanie





En Mauritanie, les hommes et les femmes portent des vêtements 
caractérisés par leur simplicité et leur élégance. Les hommes portent 
la derâa et la femme la melhfa. 
Les melhfas représentent un travail de teinture sur de fins tissus   
transparents de 4 à  5m de longueur et de 1,5m de large que les
femmes entourent autour du corps. 
La melhfa doit couvrir tout le corps de la tête aux pieds, sans même
laisser apparaître les cheveux. 
Cet habit féminin qui protège à la fois du froid, du sable et du soleil
se porte toute l’année.
Toutes les melhfas ne sont pas  identiques. Il y a  celles qui se portent
pour les grandes occasions familiales et religieuses, celles que les
femmes sahraouies mettent chez elle, celles portées par les jeunes filles 
et celles portées par les femmes mariées.
Ces vêtements traditionnels peuvent prendre plusieurs couleurs unies 
ou imprimés illustrés de nombreux  
motifs. Ils sont portés sur des robes.
Selon l'âge, la condition sociale, le lieu et le moment,  les femmes ne 
portent pas la même melhfa et en jouent beaucoup avec en faisant
preuve de grande coquetterie. Le rose est souvent la première
melhfa  des jeunes filles. Les femmes riches portent surtout de la soie,
les autres  de condition modeste utilisent le voile en nylon.
En brousse les femmes utilisent surtout du voile teinté "nyla" c'est-à-dire
en bleu indigo.
Aux pieds, la femme met des babouches ou nâayel  et pour les cérémonies
familiales et les fêtes des bijoux en argent.
L’engouement  des mauritaniennes pour cet habit traditionnel 
favorise le développement de la fabrication locale  réputée pour 
sa qualité jusqu’au Maroc et en Algérie.
 
(pièces et photos de Sylvie Julliard) 
 
 

tissus n'dop du Cameroun

Les textiles n’dop du Cameroun

Dans les riches provinces de l’ouest du Cameroun voisinent diverses communautés proches dans la pratique de certaines techniques traditionnelles notamment dans celles relevant du tissage et des teintures naturelles. Les Bamiléké et les Bamoun constituent les groupes culturels les plus importants dans cette région fertile dénommée Grassland. Ces populations partagent notamment une tradition textile, le N’dop terme générique qui inclut le coton mais aussi des fibres plus anciennement utilisées telles que le raphia ou l’écorce battue.

La fabrication des n’dop suit un itinéraire étonnant :  
- le coton,  est récolté au nord dans la région de Garoua où son filage se fait manuellement. Puis le tissage s’effectue sur des petits métiers horizontaux par des tisserands Fulbé ; Ces derniers tissent un mince ruban de coton écru large de 5 cm, appelé « gabaga ».
- les artisans Bamoun et Bamiléké, lors d’un premier voyage aller-retour à Garoua vont acheter les rouleaux tissés par les Fulbés.
- revenus au Grassland, ces rubans sont  cousus bord à bord pour réaliser des pièces de tissus de larges dimensions.
- sur chaque pièce écrue, un maître-artisan trace à l’aide d’une fourche de bambou taillé et trempé dans une encre végétale brune les grandes lignes d’une composition générale et les différents motifs.
- puis les pièces sont brodées au moyen de fils en raphia pour procéder aux réserves nécessaires avant la mise en teinture.
- Les pièces ainsi brodées sont réunies en ballots et effectuent un second voyage à Garoua pour être teintes par les artisans Fulbe, puis ces étoffes reprennent une dernière fois la route de l’Ouest.
- de retour chez l’artisan du n’dop, chaque pièce verra ses fils de raphia soigneusement coupés en enlevés. Les réserves blanches masquées par la broderie végétale apparaîtra pour révéler le motif final.

Le vocabulaire graphique donne toujours lieu à une interprétation. Symbolique abstraite  des peaux de léopard, de reptiles, d’animaux vénéneux chez les Bamoun et les Bamiléké, motifs plus réalistes chez les Wukari. Egalement des motifs géométriques pouvant se rapporter à des scarifications, des ornements d’architecture et de mobiliers.( cercles, croix, carrés, triangles, losanges). La croix est une représentation fondamentale : croisement des routes, division de l’espace, expression du « centre du monde » et de la protection qu’il requiert.