Les appliqués sur tissus du Bénin
Selon la légende, les dynasties des royaumes du sud du Bénin sont originaires de Tado, ville de l'actuel Togo et sont nées d'un couple mythique : la princesse Aligbonon et une panthère.
Au XVIIe siècle, deux de leurs descendants jetèrent les bases d'un nouveau royaume : le Danhomè. A cette époque, le royaume se limitait au plateau d'Abomey. Le royaume atteint son apogée au XIXe siècle sous le roi Guézo (1818-1858). A la fin du XIXe siècle, malgré la farouche résistance du roi Gbéhanzin (1889-1894) à la pénétration européenne, le royaume perdit son indépendance et devint la colonie française du Dahomey.
Souverains guerriers, les rois d'Abomey choisirent de consigner leurs hauts faits sur des tentures servant à décorer le palais royal. La technique était celle de motifs découpés sur tissus et cousus sur un fonds uni.
Spécialités d'Abomey, les appliqués sur tissus sont le résultat de l'activité de plusieurs catégories d'artisans: les fileuses, les tisserands, les tailleurs et brodeurs, également les forgerons qui fabriquent les ciseaux, les aiguilles et les dés.
Tout d'abord en raphia, les étoffes en coton se sont généralisées à la fin du XVIII° siècle. Le fil ou l'étoffe sont teints au moyen de pigments naturels: sorgho pilé (violet), feuilles d'indigo (bleu), gingembre sauvage (jaune), tronc du sorbier (rouge). Le mordant est constitué d'alun et de potasse.
Autrefois les confréries d'artisans vivaient dans des quartiers séparés. Ils sont aujourd'hui regroupés dans une grande cour de l'enceinte royale.
Chaque souverain choisissait des motifs allégoriques destinés à les identifier. Ainsi est-il possible de reconnaître le règne d'un roi au moyen des appliqués qui ont été conservés.
Au fil des règnes ton trouve des motifs allégoriques variés: un bateau avec l'arrivée des Blancs, un buffle, symbole de la résistance, un oiseau pour planer au-dessus des hommes etc....
A travers les allégories qu'ils rapportent, les appliqués constituent à leur manière un véritable livre d'histoire et relatent les hauts faits de guerre, de chasse, de cérémonies d'intronisation royale , de rites funéraires pour louer les qualités de vie du disparu, déplorer son absence et conjurer la mort.
De nos jours les artisans installés dans la cour du palais royal d'Abomey perpétuent le savoir-faire hérité de l'apogée de la royauté et reproduisent les anciens symboles royaux. Mais ils réalisent également des motifs modernes pour répondre aux demandes des étrangers de passage.